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L’écologie (qui vient du grec oïkos qui signifie maison et de logos signifiant étude) est souvent considérée au sens premier du terme comme une science permettant de mieux comprendre comment les êtres vivants vivent et interagissent au sein d’un milieu (7) , le tout formant ce que l’on nomme biodiversité et écosystème. Mais l’écologie se développe également en tant qu’idée philosophique, sociale et politique, ayant alors pour objectif de protéger, justement, ces écosystèmes, la biodiversité et l’environnement de manière générale dans le but de permettre aux sociétés d’y vivre de façon pérenne. L’écologie ne se cantonne donc pas au simple domaine scientifique mais est présente partout autour de nous, le sujet principal restant le lien et le rapport entre humain et environnement.
Le terme désigne fin XIXème les relations entre l’Homme et la nature. En 1854, il est question de nature à l’état brut, préservée de toute humanité : c’est le Wilderness de Thoreau. Cinq ans plus tard c’est Charles Darwin qui posera le constat d’une relation symbiotique entre les individus et leur environnement. En 1866 c’est Haeckel qui introduit la notion d’écologie comme une science étudiant les relations entre les êtres-vivants et leurs environnements. Puis le sens de l’écologie bouge en 1912 avec Jakob Von Uexküll, biologiste allemand, qui le traduit par un monde perceptif et d’échange qu’un individu a en propre et qu’il forme sur un environnement partagé par d’autres Umwelt. Il déhiérarchise les êtres. Le concept d’Umwelt décrit le caractère déterminé des stimuli environnementaux auxquels un animal réagit (4). Chaque espèce vit dans un environnement unique, qui est ce qui lui apparaît, déterminé par son organisation propre, par ses récepteurs sensoriels et ses effecteurs. La capacité des récepteurs et des effecteurs détermine ce qui devient stimulus et signe pour l'animal, ce qu’il perçoit. La somme des stimuli possibles pour l'animal est son Merkwelt et la somme de ses réponses possibles son Wirkwelt, l'ensemble constituant l'Umwelt (1). Ainsi l’homme, la mouche et le mollusque ne voient pas le monde de la même manière :














Le développement des grandes villes est, pour Uexküll, responsable de la perte d’un rapport intime de l'homme avec la nature (2).
A cette époque, l’objectif de l’écologie est principalement de comprendre la complexité des écosystèmes naturels. Mais l’écologie deviendra aussi un mouvement et parti politique. En effet, des voix s’élèvent pour la protection de la nature. En 1961, c’est WWF qui est créé, et d’autres ONG et associations seront fondées les années suivantes. En 1974, l’élection présidentielle connaît un nouveau parti, en faveur de l’écologie. Son candidat est René Dumont, agronome, proche de Théodore Monod, alors le premier candidat à se présenter sous l’étiquette écologiste en France. Soutenu notamment par l’association « Les Amis de la Terre ». René Dumont voulait, par sa candidature, jeter un cri d'alarme : “Si vous continuez à vivre dans le système actuel, si vous vous entêtez à gaspiller, polluer, appauvrir le sol, vous provoquerez la catastrophe”. Son programme posait les questions de gestion des crises démographiques futures, de la faim, évoquait la pollution automobile, prônait une alimentation saine autant pour le corps que pour la Terre, appelait à la protection de l’environnement et du recyclage et cherchait à remettre en cause le nucléaire (5). "Une croissance indéfinie est impossible, nous n'avons qu'une seule Terre mais une civilisation du bonheur est possible !" déclarait-il (6).
La crise pétrolière des années 70 incite les pays industrialisés (dont la France fait partie) à accélérer leurs programmes nucléaires. Une partie de l'opinion s'y oppose, et c’est sur la base du mouvement anti-nucléaire qu’un courant écologique se dessine alors, rejetant le modèle de la société industrielle. L’objectif est une société respectueuse de la nature et de l'homme.
Malheureusement, avec le “Mouvement écologique pour une autre civilisation”, René Dumont ne récoltera qu'1,32% des suffrages (6). Malgré tout, cette première candidature écologiste ouvre la voie à un mouvement politique et d’opinion, intégré pleinement maintenant à la vie publique. L’écologie deviendra un sujet économique et on essaiera de trouver des solutions au quotidien pour protéger l’environnement.

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sources

(1) Françoise ARMENGAUD,
« UEXKÜLL JAKOB VON - (1864-1944) », Encyclopædia Universalis [en ligne].

(2) Wolf Feuerhahn,
« Du milieu à l'Umwelt : enjeux d'un changement terminologique », Revue philosophique de la France et de l'étranger, vol.134, no. 4, 2009, pp. 419-438.

(3) Christian Fauré,
« Jakob Von Uexküll : environnement et monde », 15 juin 2012.

(4) Camille Chamois, « Les enjeux épistémologiques de la notion d’Umwelt chez Jakob von Uexküll », in Tétralogiques, N°21, Existe-t-il un seuil de l’humain ?

(5) Clément Mathieu,
« Dans les archives de Match - En 1974, René Dumont, premier candidat écolo à la présidentielle », Retro Paris Match, 22 sept. 2021

(6) Par Philippe Tétart,
« Intervention de René Dumont en 1974 », Lumni enseignement, 19 sept. 2022

(7) « Écologie : définition – Qu’est-ce que l’écologie ? », youmatter, 24 oct. 2019

(8) Malte Faber. (2008). How to be an ecological economist. Ecological Economics 66(1):1-7. Preprint [archive]

(9) Émilie Hache, « Introduction », dans Émilie Hache, Reclaim. Recueil de textes écoféministes, Paris, Cambourakis, 2016, 413 p. (ISBN 978-2-3662-4213-3), p. 14
Comme souligné précédemment, le mot “écologie” vient du grec “”oïkos” qui signifie “maison” et de “logos” signifiant “étude”, autrement dit “étude de la maison”. Le mot “économie” quant à lui, est emprunté au latin “oeconomia”, lui-même du grec ancien “oikonomía” autrement dit “gestion de la maison”. Nous nous retrouvons donc avec deux mots, au sens plus proche qu’on ne pourrait le penser. Alors, comment la discipline étudiant la maison à-t-elle pu devenir un sujet phare de celle ayant pour objectif de la gérer ?

Dans les années 1970, la question environnementale s’affirme dans le champ économique et on en constate deux catégories distinctes : l’analyse économique dites “standard” et l’économie écologique qui, elle, cherche à appréhender les écosystèmes, la nature et la biosphère dans leurs spécificités en se fondant sur une approche interdisciplinaire.
Cette discipline étudie, notamment, l'interdépendance et la coévolution entre les sociétés humaines et les écosystèmes dans le temps et l'espace. L'intérêt de ces recherches est de pouvoir guider l'action des acteurs économiques (publics et privés) afin d'assurer un développement durable, c'est-à-dire concilier progrès économique, justice sociale, et préservation de l'environnement, tout en mettant la priorité sur ce dernier point.
Selon l’économiste Malte Faber, l’économie écologique pourrait être résumé ainsi : “une discipline ayant un grand intérêt pour la nature, la justice, et l'évolution au cours du temps. Les questions d'irréversibilité des changements environnementaux, d'incertitudes à long-terme sur les revenus, et de développement durable guident les analyses d'économie écologique”(8). L'ambition ultime de l'économie écologique est, donc, un bien-être humain durable. Cela inclut d'autres considérations telles que la protection et la restauration de la nature, évoluer vers une justice sociale et intergénérationnelle, une stabilisation de la population et une reconnaissance de la contribution du capital humain et naturel au bien-être humain, cela passera aussi par un meilleur développement des indicateurs de bien-être. L’économie écologique est donc une branche de l’économie davantage regardante sur les changements climatiques actuels et désireuse de protéger l’environnement. Cependant, elle n’est pas la seule à avoir eu cette envie.
En 1980, en pleine période de Guerre Froide, un mouvement particulièrement inconnu en France mais pourtant décisif dans les manifestations ayant eu lieu pour le climat s’implante de plus en plus : l’écoféminisme. Courant philosophique, éthique et politique né de la conjonction des pensées féministes et écologistes, il croit à une corrélation entre le système de domination et d’oppression des femmes par les hommes et le système de surexploitation de la nature par les humains. Pendant cette période, de nombreuses femmes, d’univers variés, vont manifester pour le climat, prendre d’assaut des centrales nucléaires, s’attacher à des grillages d’usines pour armement etc… C’est aux États-Unis que le mouvement écoféminisme se développe le plus et surtout, fait davantage parler de lui. Notamment avec les Women's Pentagon Actions, actions spectaculaires où deux mille femmes se sont réunis autour du Pentagone pour réclamer à la fois l'égalité des droits sociaux, économiques, reproductifs, la fin des actions militaires menées par le gouvernement, ainsi que la fin de l'exploitation des personnes et de l'environnement. Ce mouvement s'inscrit dans la lutte antinucléaire et sera le berceau de l'écoféminisme américain(9).
Dire que l’écoféminisme à ouvert la voie aux manifestations écologiques serait, purement et simplement, un sophisme. Cependant, les années 90 voient, elles aussi, se multiplier les actions pour le climat. Avec, notamment, la première masse critique ayant lieu à San Francisco.
Les actions ne demeurent pas uniquement public, l’Etat, commence lui aussi à multiplier les actions : conférences, conventions… Un panel d’actions mises en place par les Nations Unies pourrait être cité : Convention sur la lutte contre la désertification de 1994, Convention de Rio ou Convention sur la diversité biologique qui introduit le principe de précaution, l'agenda 21 de 1992, conférence de Kyoto sur le changement climatique de 1997, Convention d’Aarhus sur l'accès à l'information, la participation du public au processus décisionnel et l'accès à la justice en matière d'environnement de 1998, sont autant de procédés mis en place qui démontre une inquiétude grandissante face aux changements climatiques qui s’accélèrent et à la crise écologique qui s’affirme de plus en plus.
Au début des années 2000, l'écologie devient de plus en plus préoccupante à l'échelle mondiale. Les scientifiques tirent la sonnette d'alarme sur les conséquences du changement climatique causé par les émissions de gaz à effet de serre et mettent en garde contre la perte de biodiversité.

En 2005, le Protocole de Kyoto entre en vigueur, engageant plusieurs pays à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. Cela marque une étape importante dans les efforts internationaux pour lutter contre le changement climatique.

Les années qui suivent sont marquées par une prise de conscience croissante de l'urgence climatique. En 2007, le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) publie son quatrième rapport d'évaluation, confirmant de manière concluante le rôle des activités humaines dans le réchauffement de la planète.

En parallèle, la sensibilisation à la protection de l'environnement et de la biodiversité augmente. Des mouvements tels que "La Terre vue du ciel" de Yann Arthus-Bertrand et "Une vérité qui dérange" d'Al Gore contribuent à populariser ces enjeux auprès du grand public.

Dans les années 2010, la transition énergétique devient un enjeu majeur. Les énergies renouvelables, telles que l'énergie éolienne et solaire, se développent rapidement dans de nombreux pays. Les gouvernements adoptent également des politiques visant à réduire leur dépendance aux combustibles fossiles.

En 2015, la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques (COP21) à Paris aboutit à l'Accord de Paris, un accord historique dans lequel les pays s'engagent à limiter le réchauffement climatique en dessous de 2 degrés Celsius par rapport aux niveaux préindustriels.

Au cours de la dernière décennie, la lutte contre la pollution plastique est devenue une préoccupation majeure. Les effets néfastes de la pollution plastique sur les écosystèmes marins ont été largement documentés, conduisant à des efforts pour réduire l'utilisation de plastique à usage unique et à promouvoir le recyclage.

De plus en plus de voix s'élèvent pour réclamer une transition vers une économie circulaire et durable, mettant l'accent sur la réutilisation, le recyclage et la réduction des déchets. Les initiatives individuelles et collectives, telles que le mouvement "Zéro déchet", gagnent en popularité.

À partir de 2020, la pandémie de COVID-19 a eu un impact significatif sur l'écologie. Les confinements mondiaux ont réduit les émissions de gaz à effet de serre, mais ont également entraîné une augmentation de la production de déchets médicaux et de plastiques à usage unique.

De nos jours, la transition vers une société plus respectueuse de l'environnement est devenue une priorité mondiale. Les gouvernements, les entreprises et les individus travaillent ensemble pour mettre en œuvre des solutions durables, promouvoir les énergies renouvelables, protéger les écosystèmes et lutter contre le changement climatique. La sensibilisation à ces questions continue de croître, et il reste beaucoup à faire pour préserver notre planète pour les générations futures.
Une histoire
de l'écologie
Base d'exemples
Le design est un outil qui permet une grande variété de choses. Dans le cas de notre sujet réflexif, nous sommes à la recherche de moyens, d’outils et d’exemples permettant de résoudre un problème et de l’expliquer. Manuels, activités pédagogiques, interventions sociales ou encore jeux peuvent aider à amener un sujet et répondre à des problématiques définies, et c’est ce sur quoi ce texte se penche. Cette manière d’aborder un problème fait appel davantage au design social ou design thinking, commençons par cette approche.

Le designer Ruedi Baur et la sociologue Vera Baur, aidés d’Afrouz Razavi et Eddy Terki, ont travaillé sur l’histoire et le devenir du site de la prison de Montluc. 1500 questions écrites sur des petits supports en bois ont été installés dans ce lieu à l’occasion des Journées européennes du patrimoine, permettant alors de restituer la mémoire de cette prison sur toute la durée de son fonctionnement, de 1918 à 2009. Cette approche constitue une réflexion autour de l’histoire d’un lieu de mémoire complexe et amorce un processus de mémoire collective. En effet, le but était de guider la visite dans une prison par des questions. Celles du public étaient récoltées à la fin de leur visite et ajoutées aux autres. C’est une approche contraire et inversée à ce que l’on voit normalement : les visiteurs se font leur propre idée de ce qu’ils pensent voir, posent les questions qui les préoccupent, et on ne leur dit pas ce qu’ils doivent voir. Tout cela est suggéré par les questions. Voici quelques exemples de questions que l’on pouvait retrouver lors de la visite : Comment les prisonniers passaient-ils le temps ? Souffrait-on du froid ? Est-il plus facile de s’évader ou de se suicider ?
























ⒸFrédéric Bellay

De plus, un site web interactif a été mis à disposition, permettant de rajouter des questions, de consulter les archives des questions, et pourquoi pas d’apporter des réponses à certaines de ces questions.
Cette installation est intéressante car elle permet une réflexion aussi bien individuelle que collective par les questions posées. Une personne se pose une question et réfléchit à sa réponse, les autres visiteurs la lisent et y réfléchissent à leur tour. L’ensemble de ces questions servent alors de guide pour la visite, guide correspondant au plus proche à ce que les visiteurs souhaitent savoir et voir puisque créé par eux-même. Ces questions servent aussi à la mémoire, collective donc, mais aussi historique d’un lieu souvent méconnu. C’est en fait du design social : on crée avec le public, et non pas pour le public.

Pour continuer dans le design social, il existe des lieux dédiés à cette approche et pratique du design. C’est le cas notamment des Chaudronneries à Montreuil, centre culturel et résidence qui réunit artistes, scientifiques, anthropologues, danseurs ou encore boulangers. Les Chaudronneries propose une résidence à des porteurs de projets du territoire, accessible à partir d’une tarification solidaire qui se base sur les ressources du projet et le quotient familial du résident.
Morgane
























ⒸFabrice Malard / J-B Gurliat

Davantage axé sur le design thinking, les Chaudronneries permettent à des porteurs de projets de se développer dans un environnement collaboratif et coopératif (notamment grâce à l’intelligence collective, la communication et le débat) dédié aux enjeux de transformations sociales, économiques et écologiques. Organigramme collectif, fresque de post-it, serious game, les moyens sont variés aux Chaudronneries pour participer et faire participer. Une série d’ateliers et de rencontres est proposée à partir de thématiques et enjeux portés par les résidents eux-mêmes. Les quartiers et territoires à proximité des Chaudronneries sont particulièrement mis en avant. Il y a un dialogue constant entre les acteurs de projet, les acteurs locaux, les élus, … Cette approche répond au design thinking : c’est repenser pour améliorer, en étant en empathie, en définissant la problématique en générant les idées, en prototypant et en testant.

Prenons maintenant l’exemple des serious games, ou la réapparition du jeu sérieux éducatif.
C’est un outil particulièrement efficace pour apprendre et développer des compétences (qu’elles soient techniques ou relationnelles) de façon ludique et parfois même pédagogique.
Le jeu a plusieurs qualités, notamment celle de véhiculer des infos par des manipulations et des sensations.
Le roleplay permet une suspension de la réalité : les joueurs sont emportés et complètement motivés. Le graphisme permet de montrer des choses qui ne sont pas explicites dans le jeu : il met dans l’ambiance, crée une histoire.
Le jeu permet en fait d’immerger les apprenants, de façon à ce qu’ils soient plus réceptifs et retiennent et apprennent donc mieux.
Le jeu est un mime du réel, et c’est pour ça qu’il fonctionne aussi bien. En effet, selon Roger Caillois dans le jeu il y a toujours de la compétition, de l’aléa, du mimétisme et de l’émotion. Le jeu sérieux permet d’appréhender des sujets parfois complexes de façon plus simple et compréhensible. Le joueur apprend en s’amusant, il retient des informations parfois même sans en avoir conscience. Par la manipulation l’apprentissage et l’acquisition de compétences sont mieux appréhendés.
De plus, chaque jeu est transposable à tout type de sujet. Prenons l’exemple de “Les Gens Qui”. Édité par Chouic et demandant 2 à 8 joueurs, c’est un jeu de jugement qui peut être intéressant à transposer pour un sujet sérieux.
En effet, trois questions sont posées et un juge y répond avec des cartes permettant de juger. De valeur croissante, les cartes sont les suivantes :







Les autres joueurs doivent tenter de deviner ce que le juge a voté. On pourrait alors réfléchir à une manière d’amener un débat pour un jeu à sujet plus sérieux (les questions ici concernent des actions
de la vie quotidienne de personnes, par exemple : les gens qui parlent pendant le film au cinéma), ainsi, les cartes à juger seraient orientées pour y répondre en faisant un choix du pire au mieux.
Par exemple : Je suis imprimeur et je dois utiliser du papier. Je prends : 1/ du papier recyclé 2/ du papier à base de fibres vierges 3/ du papier d’une forêt du Brésil. Le juge met les bonnes réponses face cachée (par exemple “Coeur !” “Bof, peut mieux faire” “Peine de mort”) et les joueurs doivent voter en fonction de ce qu’ils pensent être bien ou non. Une fois les cartes posées, tout le monde les retourne et le débat s’ouvre avec le juge - maître du jeu - et qui explique pourquoi tel choix est pire qu’un autre.
De plus, “Les Gens Qui” est un jeu assez flexible puisque le nombre de parties peut varier si l’on ne compte pas les points (dans les règles initiales, le premier arrivé à 10 points [1 point par bonne réponse] remporte la partie) souhaitant alors simplement ouvrir un débat et échanger sur les questions. Le temps de jeu est donc flexible lui aussi - si l’on suit les règles, il est d’une durée environ égale à 30 minutes.
Cet exemple n’en est qu’un parmi tant d’autres. Il existe des jeux définis originellement pour être sérieux ainsi que des studios ou maisons d’éditions se concentrant sur ces problématiques ; parmi ceux-là on peut citer Belugames (serious games pour des entreprises) et Studio Cryo (serious games jeu vidéo).

Un autre exemple de ce qui peut aider à répondre aux problèmes éducatifs de la société : les kits éducatifs et pédagogiques, comme ceux de Kuti Kuti. Avec des cahiers d’activités, des expériences à réaliser et des guides explicatifs, ce moyen permet l’apprentissage - en général par les enfants - d’un sujet de manière plus ludique. Enfin, des nouvelles pédagogies apparaissent à l’instar de la méthode Montessori ou Freinet, qui laissent la place à la manipulation plutôt qu’à l’apprentissage de façon abstraite et théorique. Le corps devient important, les enfants ont une autonomie, ce sont eux qui choisissent l’activité qu’ils souhaitent faire.












En conclusion, on peut noter que la majeure partie de ces solutions prennent en compte la manipulation par le public. Que ce soit les activités liées au social faisant participer tous les habitants d’un quartier, le jeu sérieux qui permet une coopération ou compétition, ou les nouvelles méthodes de pédagogie à l’école, la manipulation a une place importante dans l’apprentissage et l’acquisition de connaissances. Le design est là pour répondre aux problématiques, en apportant des solutions variées, passant aussi bien par le jeu, les kits, ou les activités collectives.
Camille
Base d'exemples
Camille
Qu’est-ce que le design graphique ?

Si l’on en croit Adobe, c’est un ensemble de techniques de communication visuelle et verbale visant à transmettre un message ciblé, en utilisant une panoplie d'instruments qui permettent de représenter les idées, les concepts ou les valeurs que l'on souhaite partager. En partant de ce postulat, le design graphique ou communication visuelle et plus particulièrement (dans le cadre d’une sensibilisation) le design social, c’est également sensibiliser sur des sujets et enjeux actuels importants. Et c’est justement ce qui nous intéresse dans le cadre de notre projet : avertir, alerter des dangers de la surproduction de papier et de pâte à papier sur nos forêts.

Alors, quels sont les moyens mis en place pour parvenir à cette finalité et sensibiliser le public ?

Pour commencer, la sensibilisation peut donc se faire par le biais du design social. Conscient du rôle et de la responsabilité du designer dans la société, et de l'utilisation du processus de conception pour provoquer un changement social, c’est un type de design qui dénonce, met l’accent sur des inégalités et par ce biais, sensibilise à des sujets sociétaux importants.
En 2005, le designer Malte Martin à imaginé une promenade artistique, le long du canal de l’Ourcq. Ce dernier est devenu une véritable frontière, non seulement entre Paris et Pantin mais aussi entre les communautés riches et pauvres. Appelée “mots frontières”, cette installation investit l’espace public et plus particulièrement le pont de la petite ceinture avec une centaine de panneaux de signalisation sur lesquels sont inscrits des phrases, témoignages des habitants de la ville. “Ici tu es nulle part, précisément”, est l’un de ses témoignages. Phrase courte, concise, elle résonne dans l’esprit des passants et capte l’attention. Sensibiliser, dans ce cas là, aux inégalités sociales, c’est aussi savoir manier les mots et avoir un impact. Dans le cas de notre projet, cela ne peut se traduire par l’occupation d’une zone géographique, emblème du problème que nous voulons aborder mais les mots, eux, veulent dire beaucoup. Alors, reformulons notre première phrase : la sensibilisation peut se faire par le biais des mots.















ⒸMalte Martin


Le design graphique ne se fait pas également appelé communication visuel pour rien, et les visuels sont autant d’armes que les mots. Le photographe Oliviero Toscani commence à travailler avec la marque Benetton en 1984 et cette collaboration donne lieu à de nombreuses affiches très controversées. En 1996, une autre de ces très nombreuses affiches choc est exposée au public : on y voit trois cœurs humains, sur lesquels ont été placés des mots, “WHITE, “BLACK”, “YELLOW”. Dénonçant l’irrationalité du racisme, discrimination se basant sur la différence de couleurs de peau en n’oubliant nos particularités communes, cette affiche marque les esprits de part sa photographie. Certes, les mots sont toujours omniprésents et composent également l’image mais, contrairement à ceux de Malte Martin, ils ne sont pas là pour dénoncer, ils explicitent le propos. L’image, le visuel, la photographie, c’est elle qui adopte le rôle d’électrochoc. C’est par une image




















graphiquement perturbante, qu’Oliviero Toscani et Benetton tentent de sensibiliser leur auditoire. Et cela est particulièrement intéressant dans le cadre de notre projet : un manuel ou un jeu, contiennent (dans la majorité des cas) des photographies qui ont pour objectif d’être impactantes. Ainsi, sensibiliser peut se faire par le biais d’une photographie explicite (arbres coupés, parcelles de terrains complètement vierges à côté de forêts, etc…)













ⒸOliviero Toscani, Benetton


La sensibilisation peut également se faire par le biais du dessin. Ici, on ne parlera pas de designer ou de design graphique mais d’un métier intrinsèquement lié : dessinateur presse.
En 1992, le dessinateur Bernard Verlhac dit Tignous devient l'un des collaborateurs de l'hebdomadaire satirique Charlie Hebdo. Il produira de nombreux dessins satiriques dont l’objectif est de dénoncer un ou plusieurs faits d’actualités. L’un d’entre eux, celui juste en dessous, fait malgré lui écho à notre thème. A l’origine, ce dessin représente un journaliste et François Carrard, directeur général du CIO (Comité International Olympique) à l’époque de ce dessin (voir l’étiquette sur sa veste de costume). Cette caricature, reprenant traits pour traits le visage et l’ossature de François Carrard à pour objectif de dénoncer la délocalisation des jeux olympiques et l’impact écologique, sociétal, environnemental etc… qu’il y a derrière. Cependant, et dans le cas de notre projet, ce dessin résonne tout de même. En effet, une bonne partie des imprimeries françaises ou venant d’ailleurs, se délocalisent en Chine (qualité du papier, coût d’impression, etc…). Ainsi, ce dessin aurait très bien pu se retrouver dans les pages de nos manuels ou sur les cartes de nos jeux pour sensibiliser à l’impact environnemental que causent les nombreuses délocalisations d’imprimeries dans le monde.

















ⒸTignous



Enfin, et plus précisément dans le cadre des jeux conçus par les didactiques et les textures, la sensibilisation peut se faire dès la conception (bien que cela soit également le cas pour les éditions mais l’exemple qui suit n’aborde pas les étapes d'éco conception d’un support éditorial). En effet, la marque de création de kits et jeux pour enfants Kuti Kuti est engagée d’un point de vue écologique et social. Afin de limiter au maximum leur impact écologique, leurs kits sont éco-conçus, c'est-à -dire fabriqués en bois, en France et recyclables. Pour éviter un gaspillage non nécessaire, ils sont démontables, réutilisables et réparables en cas de





















casse. Les kits sont également non genrés, pas de bleu pour les garçons ou de roses pour les filles et on oublie également les voitures pour les garçons et les poupées pour les filles. Ainsi, la conception graphique de notre support (éditorial ou ludique) est particulièrement importante pour faire de notre projet une production porteuse de sens et d’engagement.

















ⒸKuti Kuti



En quoi le design joue-t-il un rôle dans la transmission ?