Morgane
Camille
Lya
Lors de nos recherches nous avons veillé à trouver des réponses aux questions suivantes :
1/ quelles sont les activités humaines en lien avec notre question (sens large et en lien avec chaine du livre) ?
2/ quels sont les effets écologiques de ces activités (chiffres et sources) ?
3/ qu’est-ce que cela change dans la nature ?
4/ qu’est ce que cela change dans la société ?
5/ quels seraient les leviers pour limiter les impacts ?

Nous avons décidé de nous répartir l'analyse des documents déposés dans le drive, à savoir : "Fabriquer des livres, quels impacts sur l'environnement ? - L'Analyse de Cycle de Vie d'un livre de Terre Vivante", Terre Vivante, 2011 ; "Classification des papiers graphiques vendus en France suivant leurs garanties environnementales", WWF, 2015 ; "Un livre français - évolutions et impacts de l'édition en France", LeBasic, 2017 ; "Décarbonons la Culture !", The Shift Project, 2021 ; "Charte environnementale de l'édition de livres", SNE, 2021 ; "Rapport statistique 2021 de l'industrie papetière française", Copacel, 2022.
Ensuite, pour compléter nos recherches nous avons chacune approfondit en nous aidant d'articles, de vidéos ou de livres. Toutes ces recherches sont consultables en cliquant sur nos boutons respectifs.

Quoi qu'il en soit, voici qui suivent nos réponses aux cinq questions. 
1/ quelles sont les activités humaines en lien avec notre question

La question de la déforestation touche toute la chaîne du livre. En effet, même si l'abattage d’arbres dans une forêt non-certifiée est du fait des acteurs de la chaîne du livre, les acheteurs peuvent choisir d’acheter des livres éco responsables, qui prennent soin des forêts, en faisant attention au type de papier utilisé. Les libraires pourraient également choisir de ne présenter que des livres certifiés écologiques, et les auteurs ainsi que les éditeurs pourraient poser leurs conditions quant au type de papier. Tous les acteurs de la chaîne ont un impact sur la déforestation liée au livre.

LES ACTIVITÉS :
- déforestation
- fabrication du papier
- recyclage
- délocalisation : certains éditeurs impriment leurs livres à l'autre bout du monde car malgré la distance et les coûts de transport, la facture à payer sera moindre.
- façonnage : Le façonnage génère également des déchets de papiers, lors de la découpe des feuilles (la gâche de papier).

LES PERSONNES :
- consommateur (peut choisir d’acheter seulement des livres dont le papier est labélisé
- imprimeur (peut choisir le type de papier. peut imprimer sans surplus)
- éditeur (peut choisir le type de papier. peut choisir une impression respectueuse [pas de surplus etc])
- auteur (peut avoir un mot à dire sur le papier)
- gouvernement (lois, délocalisation,...)


2/ quels sont les effets écologiques de ces activités

Quelques chiffres :
- La consommation mondiale de papier dépasse les 330 millions de tonnes par an = près d’1 million de tonnes par jour. Elle augmente de 4% par an. 1
- L’édition française = seulement 5% de la consommation nationale de papier (les plus gros consommateurs sont l’emballage et la publicité). 2
- 1 tonne de papier recyclé = 17 arbres épargnés (et une feuille de papier peut être recyclée jusqu’à cinq fois). 2
- 1 tonne de papier à base de fibres vierges = deux tonnes de pâte à papier.1
- Environ 85% de la pâte à papier provient de forêts européennes certifiées gestion durable. 2
- Chaque année, plus de 20 millions d’arbres abattus pour l’impression de livres papiers (et il faut plus de 95 millions d’arbres pour imprimer les journaux papiers) selon le constat de The Green Press Initiative. 3
- Plus de 40 % de la récolte de bois industriel mondial utilisé pour fabriquer du papier. 3
- En France, seulement 15% à 35% des papiers graphiques utilisés au bureau sont recyclés (données respectivement selon Ecofolio en 2013 et l'Ademe en 2014). 1
- Déforestation (en général) vaut 25% des émissions de gaz à effet de serre. 4
- Selon la Commission européenne, l'industrie papetière se classe au second rang européen pour sa consommation d'eau douce. Elle serait avec l'imprimerie à l'origine de plus d’1 % des émissions globales de gaz à effet de serre. 5
- Plus de 70 % des impacts du livre sur l'environnement sont dus à la fabrication du papier et de la pâte à papier. 5


3/ qu’est-ce que cela change dans la nature

L’impact climatique de l’édition papier est significatif, et on observe alors une augmentation des émissions de gaz à effet de serre (5 ; 6 ; 4). L’industrie éditoriale contribue ainsi au changement climatique.
En effet, la fabrication du papier engendre :
* une grande consommation d’énergie (avec le séchage du papier)
* une grande consommation d’eau (même si une grande partie de l’eau utilisée est renvoyée dans le milieu naturel après épuration)
* des déchets (effluents issus du lessiveur, boues de désencrage pour le papier recyclé) qui seront incinérés
* une utilisation de produits chimiques potentiellement toxiques et qui polluent l’air, l’eau et les sols
De plus, la collecte de papier nécessite du transport qui génère, lui encore, des émissions de gaz à effet de serre. La délocalisation des imprimeries participe à cette augmentation de la pollution puisque les papetiers utilisent souvent des pâtes d’origines géographiques multiples, ce qui accroît les transports. Et, même s'il n'était pas recyclé, le papier serait incinéré avec les ordures ménagères, ce qui entraînerait aussi des émissions de gaz à effet de serre. 5

En plus de participer au réchauffement climatique, l’édition papier entraîne une perte de biodiversité et une érosion des sols, engendrés par le remplacement des forêts anciennes par des monocultures d'eucalyptus. 6 On observe aussi une diminution de la photosynthèse (moins d’arbres = moins de feuilles = moins d’échange avec le soleil) et évidemment une pollution visuelle et esthétique.


4/ qu’est ce que cela change dans la société

- Le papier compte pour 9 % environ du prix du livre, il représente près de 50 % de son coût environnemental et social. 11
- poursuites judiciaires pour les personnes non respectueuses
- conséquences sur la santé (maladies): étude publiée le mercredi 7 décembre 2016 dans Science Advances. 8
- impression à la demande (à nuancer) pour les maisons d’édition. 3
→ À la différence de l’impression offset (adapté pour l’impression de masse car rapide), l’impression numérique se prête mieux aux petits tirages ou à l’impression à la demande. Mais l’offset a l’avantage de la qualité, notamment en ce qui concerne la couleur sur les images.
cf L'Espresso Book Machine, une machine permettant d'imprimer des ouvrages à la demande (Politics and Prose Bookstore, CC BY-SA 2.0) peut produire un livre de 220 pages en moins de 10 minutes. note : l’une de ces imprimantes a été installée dans les Presses Universitaires de France au Quartier Latin de Paris
- pressions économiques qui émanent de l’industrie et des auteurs. Par exemple concernant l’impression : l’offset est plus souvent utilisé car ces derniers estiment que le stock ne sera pas suffisant pour répondre aux attentes de leurs clients. Pourtant, selon C. Vié, président d’Orsery - start-up proposant de l’impression à la demande, directement en librairie - « la surproduction dans les tirages de livres réduit la marge sur les ventes, et diminue les prises de risques. Imaginer une machine présente dans les librairies permettrait de diminuer les tirages initiaux, en étant assuré de pouvoir fournir les clients, sans avoir besoin d’effectuer de commandes ». En plus de cela, Il est aussi possible de personnaliser son livre, en fonction des besoins : polices pour les dyslexiques, caractères agrandis… 7. Mais cette solution est à nuancer car les paramètres ne sont pas vraiment optimisés, par exemple pour limiter la gâche papier.
- alternatives écologiques en développement
- développement de labels et certifications “forêt gérée durablement” (100% recyclé, PEFC ou certifié FSC) dans les entreprises françaises.
FSC : le plus responsable des systèmes certifiant la gestion responsable des forêts. Cette certification garantit l’absence de lien à la déforestation depuis 1994, une réduction des pesticides (voire l’absence en Suède), l’absence d’OGM, une part significative du territoire protégé pour des raisons environnementales (eau, biodiversité) et sociales.
- essais de relocalisation des imprimeries
5/ quels seraient les leviers pour limiter les impacts

C'est la fabrication du papier qui a le plus d'impact sur l'environnement, le choix du papier a donc une importance primordiale pour un éditeur qui veut s'engager dans une démarche écologique.
- En France, l'industrie papetière doit respecter la réglementation. Par exemple, les boues des stations d'épuration sont valorisées à 100 % par épandages agricoles, et une partie des déchets est incinérée sur place et la récupération de chaleur est encouragée. 5 Mieux vaut donc acheter son papier dans l'hexagone ou dans un pays voisin qui respecte une réglementation similaire.
Acheter au niveau national ou dans un pays voisin permettrait également de limiter le transport (et donc les émissions de GEF). Dans l'idéal, il faudrait privilégier des chaînes de production intégrées où la pâte à papier et le papier seraient fabriqués sur le même site à proximité d'une forêt. 5
- Les choix les plus « évidents » (mais pas forcément les plus économiques) seraient alors de produire en France, avec des prestataires respectueux de l'environnement, sur des papiers certifiés et/ou recyclés, avec des encres à base d'huiles végétales (ça facilitera après recyclage l'épandage agricole des boues de désencrage. Pour l’impact environnemental c’est à nuancer, cf l’utilisation de l’huile de palme), créer une charte technique très détaillée destinée aux prestataires… Pour aller plus loin il serait bien de réaliser une analyse du cycle de vie (ACV)5;6 d'un livre en France. Cette analyse permet des renseignements précis sur l’impact de son livre et de la chaîne de production sur l’environnement. Elle prend en compte toutes les étapes de la vie du livre, depuis l'extraction des matières premières jusqu'à la transformation de l'objet en déchet et permet d’éclairer les décisions des professionnels.
En bref : par la prise de conscience des impacts liés à leur choix et un travail étroit avec les papetiers et les imprimeurs, les éditeurs peuvent produire des livres plus écologiques, en intégrant la question de la protection de l'environnement dès la conception du produit.
- Le bilan carbone est aussi possible mais il n’est basé que sur un seul critère et ne permet pas de dire si un produit est écologique.

- Une autre solution serait de sensibiliser et d’agir au niveau national, notamment par des mesures gouvernementales. Par exemple, l’affichage environnemental au niveau national, projet directement issu du Grenelle de l'environnement qui devrait imposer à tous les producteurs de biens de grande consommation (dont les éditeurs) d'afficher sur leurs produits leur bilan environnemental.

- De façon plus individuelle, on peut choisir d'utiliser du papier recyclé. En effet, ce dernier permet de moins consommer de bois et de préserver les forêts. Sa fabrication est aussi plus économe en eau et en énergie car il est plus facile de faire de la pâte à papier à partir du papier qu'à partir du bois. 5
Note : pour bénéficier de la mention « papier recyclé » un papier doit être fait à partir d'au moins 50 % de papiers usagés.
Si l’utilisation de papier recyclé n’est pas possible, le choix de la labellisation s'impose pour les papiers fabriqués à partir de fibres vierges.
→ “En France, il existe deux sortes de papiers labellisés : PEFC et FSC. Cette labellisation porte seulement sur la gestion de la forêt et non sur la production et l'impression du papier. Toutefois, des imprimeries portent aussi ces labels.
→ Le label PEFC a été mis en place par des industriels et des associations de protection de l'environnement, tandis que le label FSC est uniquement issu d'une initiative des associations environnementales. Tous deux imposent une prise en compte de la biodiversité forestière avec une interdiction des pesticides pour le label FSC et une utilisation des produits phytosanitaires très cadrée pour le label PEFC. D'un point de vue écologique, il est indispensable d'opter soit pour des fibres provenant de forêts européennes, soit pour des fibres issues de forêts certifiées, car c'est l'assurance d'une meilleure traçabilité et d'une gestion forestière plus durable. Mais actuellement, seule 9 % de la superficie forestière mondiale est certifiée, si bien que les papetiers ne peuvent proposer des papiers issus de bois provenant à 100 % de forêts certifiées. Aussi peuvent-ils utiliser jusqu'à 30 % de bois « controlled wood », le bois étant issu de ressources connues et tracées.”.5
→ Recourir au papier recyclé permet d'abord de limiter le nombre d'arbres coupés. Mais les fibres ne peuvent se recycler indéfiniment, et on estime alors qu'au bout de cinq fois elles perdent leurs qualités et doivent être remplacées par des fibres vierges, d'où l'intérêt de continuer à produire et à utiliser du papier à base de fibres vierges PEFC ou FSC. 5

- L’écoconception est aussi quelque chose à mettre en place. C’est le fait de chercher, dès la conception, à minimiser l’impact environnemental d’un livre, ce qui réduit aussi souvent son coût financier.9. L’éditeur doit s’interroger sur les paramètres suivants :
* Le format, l’optimisation de la mise en page (passer d’une marge de 2,5 à 1,5 cm, réduit la consommation d’une page toutes les six pages selon l’ADEME → moins de feuilles, moins d’arbres abattus)
* Les encres (préférer les encres végétales aux encres minérales, et diminuer ainsi les boues de désencrage non valorisables aujourd’hui, mais faire attention à l’utilisation de l’huile de palme, qui participe à la déforestation et à la destruction des habitats d’espèces animales)
* Le papier : accepter d’avoir du papier moins blanc pour diminuer l’usage de produits toxiques et favoriser les papiers de grammage plus faible, moins consommateurs de ressources
* La couverture : pelliculage plastique ou vernis machine?
* Le type de façonnage.
* Le conditionnement: blister, coffret… Un livre peut voir son espérance de vie prolongée par un bon conditionnement.
* La quantité à produire / le tirage (ne tirer que la quantité nécessaire → moins d’arbres abattus)
* Le nombre optimal d’épreuves et le transport entre tous les acteurs
- Et évidemment, les actions simples du quotidien ont leur importance : réduire les gaspillages et les surconsommations, collecter et recycler, encourager les achats de papier responsable (se référer pour cela aux labels),...

- L’impression numérique à la demande peut être une solution maison impact environnemental n’est pas neutre : les formats de feuille d’impression sont peu variés, l’optimisation de l’imposition des pages est moindre, ce qui augmente donc la gâche papier

- Evidemment, il faut aussi penser à la fin de vie du livre. Au lieu de jeter une fois lu, se tourner plutôt vers des solutions alternatives : don, troc, seconde main, revente, bibliothèque, recyclage, et bien d’autres. Et sinon, passer au livre numérique (liseuses et autres e-books), mais attention, cette dernière solution est à nuancer car il faut être un grand lecteur pour contrebalancer l’impact de ce matériel sur l’environnement.
En effet, les matériaux utilisés sont non renouvelables et non recyclables. Si l’empreinte carbone de la production d’un livre numérique à l’unité est relativement faible par rapport à celle d’un livre papier, il convient de noter que la fabrication des supports en eux-mêmes (liseuses, tablettes, smartphones) est très émettrice de GEF. Plus le lecteur gardera son équipement longtemps, moins l’empreinte carbone numérique de celui-ci sera élevée. Pour qu’il y ait le même impact entre un livre papier et un livre numérique, on estime qu’il faut lire au moins 25 livres sur sa liseuse. Or la moyenne du nombre de livres lus par personne en France est inférieure à 10. 10
Voici un tableau comparatif de données :


1 "Classification des papiers graphiques vendus en France suivant leurs garanties environnementales", WWF, 2015

2 "Le livre numérique est-il plus écologique que le livre papier ?", par Xian, InDedicace, 21 fév. 2019

3 "L’édition en grande partie coupable de la déforestation ?", par Orianne Vialo, ActuaLitte, 19 août 2016

4 "La déforestation, une menace pour l’Homme et la planète", par Clémentine Desfemmes, Gerbeaud, 11 oct. 2010

5 DOSSIER livre et développement durable, par Terre vivante, Futura Sciences

6 "Fabriquer des livres, quels impacts sur l'environnement ? - L'Analyse de Cycle de Vie d'un livre de Terre Vivante", Terre Vivante, 2011

7 "Orséry, la start-up qui imprime vos livres en 8 minutes", Entreprendre, 27 avril 2018

8 "La déforestation favorise l’émergence de nouvelles maladies", par Clémentine Thiberge, Le Monde, 7 décembre 2016

9 "Charte environnementale de l'édition de livres", SNE, 2021

10 Actes des rencontres "Livre, lecture et environnement, une histoire à poursuivre", organisé par le ministère de la Culture, 2019, (p.58)

11 "Rentrée littéraire : le coût caché des livres", Novethic, 14 septembre 2017
Résumé par Morgane 
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